01/02/2022
La métallurgie bien partie pour avoir "sa" convention collective
Par AFP
(AFP) - Un "rendez-vous social historique" : au terme de plus de cinq ans de négociations, les quelque 1,5 million de salariés de la métallurgie, devraient être bientôt rassemblés dans une seule et unique convention collective nationale, alors que leurs droits étaient régis jusqu'ici par une multitude d'accords.
Trois syndicats, la CFDT, la CFE-CGC et FO, ont donné mandat la semaine dernière à leurs représentants pour parapher le texte avec l'UIMM (Union des industries et métiers de la métallurgie), lors d'une réunion le 7 février. La CGT, plutôt défavorable au texte, doit consulter ses militants cette semaine, mais, même si elle ne signe pas, cela ne remettrait pas en cause cet accord.
Alors que la France tente de se réindustrialiser et que le secteur peine parfois à pourvoir ses offres d'emplois, les signataires potentiels du texte espèrent qu'il contribuera à attirer plus de jeunes.
Simplification
La métallurgie était l'un des derniers secteurs à ne pas avoir une convention collective unique, avec le bâtiment. Aujourd'hui, 25 accords nationaux, 76 conventions collectives territoriales, une convention des ingénieurs et cadres et une convention pour la sidérurgie régissent les droits des employés du secteur.
"C'est un rendez-vous social historique pour notre industrie", estime Hubert Mongon, délégué général de l'UIMM, selon lequel l'enjeu était de "construire un nouveau modèle social de notre industrie", que l'UIMM souhaite "aussi performant économiquement que socialement".
S'il est entériné, ce texte doit entrer en vigueur en janvier 2024, sous réserve du bon déroulement de négociations territoriales, qui doivent régler d'ici fin juin 2022 ce qui n'a pu être harmonisé au niveau national.
Des salaires par poste
Parmi les principaux travaux d'Hercule de cet immense chantier de simplification, une grille de classification unique pour définir les salaires au niveau national.
"Ce nouveau système permet de monter en fonction du savoir, des compétences, des formations des salariés, un meilleur déroulement de carrière", assure Frédéric Homez, selon qui c'est désormais d'abord "l'emploi, le poste de travail qui est pris en compte".
La CGT estime, elle, que les diplômes ne sont plus reconnus, une affirmation démentie par les signataires potentiels, pour qui il y est également fait référence.
Les rémunérations minimales garanties sont "améliorées pour plus de 75% des salariés de la branche", avance par ailleurs la CFDT.
Simplification également des primes, selon l'UIMM, qui a inventorié "1.200 natures de primes et modalités de calcul de primes différents".
"On est arrivé à les regrouper autour de moins de 10 grandes primes, dont les primes de paniers, qui sont des primes génériques, dont tout le monde s'accorde à dire qu'elles sont importantes, qu'elles doivent continuer à exister", explique Hubert Mongon.
De la prévoyance
Principale avancée sociale de ce texte, la mise en place d'un régime de branche de prévoyance pour les non-cadres, soit "des obligations de couverture en matière de gros risques pour les employeurs", selon Gabriel Artero, président de la CFE-CGC Métallurgie, en cas de "décès, incapacité et invalidité".
"C'est pris en charge à 100% côté ingénieurs et cadres, parce que nous avions un historique dans le cadre de leur convention, mais nous avons pourvu les non-cadres", précise M. Artero.
Autre progrès, "le doublement pour les non-cadres de la garantie du maintien de salaire à 100% en cas de maladie", de 45 à 90 jours par exemple pour un salarié avec un an d'ancienneté, selon Stéphane Destugues, secrétaire général de la FGMM-CFDT.
Heures supplémentaires
Contrepartie des avancées contenues dans cette convention, le nouveau texte prévoit la possibilité pour les employeurs de recourir davantage aux heures supplémentaires.
"Il est possible d'imposer aux salariés 80 heures de plus que le quota qu'on avait jusqu'alors", indique ainsi Stéphane Destugues.
"L'employeur pourra user et abuser des heures supplémentaires. Déjà qu'on est bien exposé, dans la métallurgie, ça ouvre une porte à l'accélération de la précarité. Le turnover va s'accélérer", déplore Frédéric Sanchez, secrétaire général de la CGT-Métallurgie.