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08/09/2022 - #Nissan , #Peugeot , #Ford

Forever Young

Par Jean-Philippe Thery

Forever Young
"Sweet Sixtine": Sa Nissan est japonaise, mais le volant est à gauche...

Aujourd’hui, j’essaie de parler jeune à propos des voitures de mes 20 ans. Heureusement, un certain nombre de "youngs" m’ont bien aidé…

“Pauvre France”

S’il y a bien un truc qui m’horripile c’est le discours de la décadence. Non, pas le bouquin que Jean Cau publia en 1978 -que je suis à peu près sûr de ne jamais lire sur la simple foi de son titre- mais celui qui se pratique au quotidien, auquel les réseaux supposés sociaux ont donné depuis quelques années une audience autrefois limitée aux salles où l’on tient comptoir et les propos qui vont avec. Il n’est depuis pas un fait divers qui ne constitue pour les apôtres de la décrépitude la preuve irréfutable que notre monde fout le camp, à moins que ce ne soit la morale, la jeunesse ou tout ça ensemble. Et il n’est pas rare que ces gens-là ponctuent les commentaires online dont ils sont particulièrement prolixes par ce terrible "pauvre France", dont j’ai pour ma part fini par conclure qu’il était immanquablement précédé d’une imbécillité.

"L’herbe était plus verte, la lumière brillait plus fort, entouré d’amis les nuits d’émerveillement", nous rappellent le refrain de High Hopes à propos de nos 20 ans, merveilleusement chantées par les Pink Floyd depuis plus de 20 ans (sur l’album "The Division Bell", sorti en 1995). Eh non, ce n’était pas mieux avant, à peine différent. C’est juste qu’avec deux décennies dans les jambes, le monde nous paraissait celui de tous les possibles, l’amertume n’avait point remplacé des espoirs pas encore déçus et ceux que nous jalouserions un jour n’étaient pas encore nés. A moins de croire que l’histoire de l’humanité ne s’apparente à une longue et continue descente aux enfers, le discours de la décadence ne marche donc pas, puisqu’il est justement né avec elle, et qu’on en retrouve les traces dès les premiers écrits que celle-ci a produits.

Voilà le genre de réflexions auxquelles on se livre un dimanche soir sur l’A11, quelque part entre Le Mans et Paris, bien aidé par la fatigue d’un week-end de tournage et un coup de soleil sur la nuque. Après m’être endormi puis réveillé sur le gobelet papier double-expresso-machine dans une station d’autoroute, le contenu de ce dernier m’avait de fait suffisamment ragaillardi pour reprendre le volant autant que me livrer mentalement au bilan du Big Car Show. Un événement dont c’était la première édition, auquel je m’étais rendu pour shooter un sujet sur les Youngtimers.

Baptisées par référence un tant soit peu ironique à la catégorie des Oldtimers, les autos des années 80/90 -voire un peu plus suivant les écoles de pensées- jouissent désormais d’une reconnaissance qui leur a longtemps été refusée. Trop jeunes pour être vieilles, mais trop vieilles pour n’être que de simples bagnoles d’occase, celles-ci ont trop subi l’ostracisme de certains organisateurs d’évènements consacrés aux voitures anciennes pour que leur propriétaires ne finissent pas par créer leurs propres "rassos", même si le temps de la réconciliation est depuis semble-t-il venu. Et si elles n’étaient pas les seules représentées au Big Car Show, celles-ci n’en constituaient pas moins l’essentiel du bataillon.

Dans Youngtimer, il y a "young". Certes, les nostalgique qui ont vu ces modèles dans les pages des magazines auto avant que ces derniers ne migrent vers les revues d’autos anciennes, en constituent logiquement une partie des acheteurs. Et certains d’entre eux n’hésitent pas à débourser jusqu’à 83.000 euros pour une Peugeot 205 GTI comme celle adjugée récemment lors d’une vente aux enchères. Mais curieusement -ou pas- la plupart de ces modèles d’un temps que ceux de 20 ans sont supposés ne pas connaître appartiennent précisément à des propriétaires d’un âge où l’on roule volontiers bohême. Et puisque j’ai passé le weekend en compagnie de ces youngs-là, je puis vous assurer que j’en suis revenu franchement rassuré sur l’avenir de notre chère patrie. "Du coup", comme on dit aujourd’hui, je vous brosse le portrait de certains d’entre eux dans les lignes qui vont suivre.

J’ai interrompu Jérémy alors qu’il manipulait le chiffon, traquant à coups de microfibres des salissures qu’il était probablement le seul à distinguer sur la belle carrosserie "Active Red" de sa Nissan. Moi qui cherchait une vraie JDM, je ne pouvait mieux tomber qu’avec sa R34, comme la désignent les aficionados de la Skyline produite de 1998 à 2003. JDM ou "Japan Domestic Import", un terme désignant les autos importées du Japon -reconnaissables à leur indispensable volant à droite- autant que les modifications auxquelles il est rare qu’elles échappent, même si ces dernières répondent à des codes précis. Et la Nissan Skyline 2.5 GT soigneusement relookée dans le style de la GTR par Jérémy est de ce point de vue absolument parfaite. Une auto qui est le fruit de la persévérance de son propriétaire, dont il évoque autant les modifications déjà apportées que celles à venir, puisqu’elle constitue en quelque sorte un projet permanent. Sans oublier une belle petite note d’humour avec le logo "GTTR" réalisé dans le style de l’origine. Minutieux Jérémy ? Pensez-donc…

J’ai alpagué Gregory à l’entrée du circuit. Depuis la veille, je peaufinais le texte que j’allais débiter devant la caméra sur les GTI, en priant les Dieux de la mécanique qu’ils m’envoient un exemplaire de la toute première d’entre elles. Et Greg est apparu au volant d’une Golf de première génération, avec moteur 1600 et petits feux arrière, exactement comme je la voulais. Sans compter que notre homme n’était pas le moins du monde réticent à l’idée d’être filmé, puisqu’habitué à diffuser régulièrement des vidéos en ligne de son auto. D’un tel modèle, on imagine volontiers qu’il fut traqué par un inconditionnel ayant parcouru des kilomètres de petites annonces avant de trouver la perle rare. Raté : Gregory m’a avoué l’avoir acquise sur l’injonction d’un ami, sans savoir alors véritablement ce sur quoi il venait de mettre la main. Il s’est depuis bien rattrapé avec une restauration soignée confiée à des amis, et surtout pour avoir développé avec sa belle GTI une relation prouvant que toutes les histoires d’amour -fussent-elles mécaniques- ne démarrent pas nécessairement par un coup de foudre.

Nicolas a jailli de derrière un Range-Rover première génération alors que je m'enquérais justement de savoir où dénicher le propriétaire de la Ford Sierra profondément transformée, stationnée devant le 4x4 britannique. J’allais apprendre quelques instant plus tard que ce dernier avait généreusement fait don de son V8 à celle qui n’était à l’origine qu’une modeste berline familiale, équipée d’un 4 cylindres 2 litres développant péniblement 109 cv. Un "swap" accompagné de modifications effectuées sur une auto en évolution constante, et dont l’élément le moins spectaculaire n’est pas le dispositif aérodynamique réalisé en fibre de verre par son propriétaire. Une "pelle à tarte", comme il la qualifie lui-même, indispensable pour plaquer au sol le train arrière propulseur, secondée par un "duck tail" et un spoiler bien modestes en comparaison. Puis Nicolas m’a montrée les roues (elles aussi piquées au Range), extensions d’ailes, sièges de Subaru et autres mutations toute plus apocryphes les unes que les autres avec le même humour qu’il a employé pour créer ce véritable Frankenstein motorisé. Et vous savez quoi ? L’affreux puriste adepte de l’origine que je suis s’est laissé convaincre par cette Sierra d’un autre monde et son sympathique créateur. Bien joué Nicolas !

La Chapelle de Sixtine, ce sont plutôt les japonaises subtilement modifiées. Ses complices du "Team JAP" (Japan Auto Passion) auxquels je m’étais adressé la veille au soir alors que je cherchais une propriétaire de Youngtimer, ne m’avaient pas menti lorsqu’il m’ont déroulé la "fiche technique" de leur amie. Souriante, communicative et avec juste ce qu’il faut d’espièglerie quand elle joue avec la caméra, Sixtine convaincrait le plus indécrottable des machos que l’automobile -youngtimer ou autre- est aussi une affaire de femmes. Moi qui ai voulu faire le malin en faisant allusion au prénom féminin dont je croyais qu’il désignait sa Nissan 200 SX au Japon, j’en ai été quitte pour apprendre que contrairement à celles qui les ont précédées, les S13 n’y ont jamais reçu l’appellation de Silvia. D’autant plus que je dois avouer piteusement avoir cru bon de vérifier ce qu’elle sait mieux que personne, ayant supervisé personnellement la renaissance de son auto depuis le soubassement. Mais le vrai coup de grâce fut quand Sixtine m’informa posséder une seconde 200SX, réservée à la piste. Promis, si par hasard je la retrouve un jour sur un circuit, je n’aurais pas cette fois l’outrecuidance de penser que je puisse être plus rapide qu’elle. En admettant bien sûr, que "Sweet Sixtine" veuille bien me prêter son auto…

Quand j’ai laissé un billet sous l’essuie-glace de la Peugeot 205 "Sacré Numéro" à l’attention de son propriétaire, j’étais loin d’imaginer qu’ils étaient trois. C’est donc la "bande à Johnny" que j’ai retrouvée un peu plus tard autour de la petite berline, après que celui-ci m’a rappelé. Un vrai modèle "low spec" comme j’en cherchais, avec sa motorisation 1.7 D développant 60 modestes chevaux. "Quatre roues, un moteur et un volant", m’interpelle Johnny, "que demander de plus ?" Et notre jeune conducteur de joindre le geste à la parole en empoignant un volant imaginaire, afin de m’expliquer les plaisirs simples procurant la conduite d’une auto n’affichant pour seul luxe que l’air conditionné (manuel, bien sûr). Un équipement qui devrait s’avérer des plus utiles pour une auto ayant trouvé preneurs autant qu’une vocation, puisque Johnny et ses acolytes -les cousins Frédéric et Stéphane- traverseront à son bord 10.000 km et 23 pays en 20 jours en participant à l’édition 2023 de l’Europ Raid. Un événement réservé aux amateurs de la petite "young" sochalienne qui ne se contenteront pas que de voir du (des) pays, mais qui emporteront également avec eux 70 kg de matériel scolaire pour les distribuer en cours de route. Go, Johnny Go !

Jérémy, Greg, Nicolas, Sixtine, Johnny et les autres : autant de personnalités et d’automobiles différentes, mais réunis par une joie de vivre commune lors d’un même évènement. Autant de "youngs" qui auront sans doute de bonnes raisons de penser que leurs vingt et quelques années valaient décidément la peine d’être vécues lorsqu’ils s’adonneront dans deux ou trois décennies à la nostalgie, laissant à penser au boomer de service qui les interviewait que l’automobile de nos vingt ans -les leurs et les miens- nous permet décidément de nous sentir "forever young".

Alors, pauvre France ? Sûrement pas l’organisatrice du Big Car Show dont c’est justement le prénom, et qui au vu du succès de la première mouture est déjà en droit de penser à la prochaine. Quant à moi, je me cherche déjà une "young" pour m’y rendre, histoire de renouveler ce qui pourrait bien devenir ma cure annuelle de jouvence automobile. Je parle de voiture, bien sûr : si vous en avez une à me prêter, vous savez où me joindre !
(Forever young, I want to be forever young…timer!)

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Réactions

Je me sens encore pluvieux là dedans et j’ai du mal à sortir je me mets dans le fond du parking pour la discrétion sinon y’a toujours une Ame sensible pour me balancer c’est bas ! Hein on veut faire le Jeunot,le pire c’est le ticket d’autoroute …..je descends le prendre en ouvrant la porte tellement il est haut,décrocher le harnais …grrr

yes ,la passion continue ! Sexagénaire je ne vois pas le temps automobile passer puisque je roule toujours en fiat 500 historique comme à 19 ans, et je suis bien content de voir que des djeuns' s'amusent toujours avec des voitures encore accessibles. D'ailleurs ça doit se transmettre car un de mes fils roule exclusivement en super5 five blanche de base.....

Not'JP nous prouve ici qu'il vaut mieux le Big car show que Rétromobile pour voir des beaux châssis...
;0))

Je félicite Georges Petit et son fils.
Dans les voitures sélectionnées par Jean-Philippe, j'ai eu la chance d'avoir la Golf GTI 1600, boîte 4, 110 ch et 810 kg, et le Range V8, 132 ch et dans les 1,8 t.
Deux bagnoles "plaisir".

Et donc dans tous nos Youngtimers, il faut mettre obligatoirement la K7 d'Alphaville, et vas-y que tu mets la recherche de Blanc sur le "Forever Young" fredonné plus haut...
"Let's dance in style,
Let's dance for a while,
Heaven can wait,
I'm only watching the skies...." (Donc c'est un cab !)
Et ensuite pour les ceusses qui roulent japs, envoyer "Big in Japan"..
(L'article de not'JP tourne parfaitement rond finalement..)
;0))

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