05/11/2021
Eramet vend son usine de nickel de Sandouville au sud-africain Sibanye-Stillwater
Par AFP
(AFP) - Le groupe minier français Eramet a annoncé jeudi la signature de la vente de son usine de nickel en difficulté située à Sandouville, au géant minier sud-africain Sibanye-Stillwater qui veut se développer en Europe pour alimenter le marché des batteries.
L'usine de Sandouville qui emploie 189 salariés réalise un chiffre d'affaires annuel de quelque 150 millions d'euros.
Elle est "déficitaire depuis cinq ans" malgré "plus de 150 millions d'euros" investis par Eramet depuis 2016, a indiqué le groupe français qui l'a inscrite fin 2020 dans une liste d'actifs à céder.
Eramet, qui a obtenu le 29 octobre le feu vert des instances représentatives du personnel pour cette cession, était entré en négociation exclusive fin juillet avec Sibanye Stillwater, acteur mondial des métaux précieux, pour un montant annoncé de 65 millions d'euros.
"Eramet annonce ce jour avoir levé son option de vente des titres de sa filiale", l'usine hydro-metallurgique Eramet Sandouville, après avoir procédé à "la signature du contrat de cession avec Sibanye-Stillwater", indique le communiqué diffusé jeudi. Le groupe sud-africain a également publié un communiqué en parallèle.
L'opération devrait être finalisée "en début d'année prochaine", "sous réserve de la levée de conditions suspensives administratives" ont précisé les deux groupes jeudi.
Cette cession peut paraître paradoxale pour un groupe comme Eramet qui a entièrement recentré sa stratégie sur les métaux de la transition énergétique (pour l'essentiel, ceux qui sont utilisés dans les batteries comme le nickel, le cobalt ou le lithium) et cherche à se défaire parallèlement de ses filiales métallurgiques aéronautiques par exemple.
Mais Eramet considère que l'usine de Sandouville est inadaptée à cette stratégie, car elle nécessite de nouveaux lourds investissements pour pouvoir produire les sels de nickel nécessaires aux batteries automobiles.
Les "mattes" de nickel actuellement produites sur ce site sont des blocs de nickel qui entrent dans le processus de fabrication de l'inox ou de composants électroniques, ils sont tirés de la première fusion du minerai arrivant par bateau au port du Havre voisin.
Pour alimenter les futures gigafactories de batteries, le groupe français compte plutôt sur son propre projet de raffinerie de sels de cobalt et de nickel en partenariat avec le groupe chimique allemand BASF, à partir de ses gisements de nickel en Indonésie à Weda Bay.
Mais le lieu de l'implantation de leur future usine commune n'a pas encore été annoncé.
En revanche, Sibanye Stillwater, coté à Johannesbourg et New York, compte bien, lui, investir dans le site de Sandouville laissé par Eramet pour développer des activités en Europe liées aux batteries, à la suite d'un premier investissement en Finlande pour un projet d'hydroxide de lithium, annoncé en février.
"Sibanye-Stillwater a réalisé une étude d'opportunité afin de développer les installations de Sandouville vers la production de métaux spécifiques aux batteries électriques en parallèle de l'activité existante, permettant ainsi d'exploiter pleinement le potentiel du site" indiquait le groupe sud-africain le 30 juillet. En promettant de communiquer "ultérieurement" un "plan d'investissement détaillé".