15/07/2024 - #Porsche , #Toyota
Contrôle technique : les motards plus sérieux que les automobilistes
Par AFP
(AFP) - Trois mois après la mise en place du contrôle technique pour les deux-roues, le premier bilan s'avère moins sévère pour les motards que pour les automobilistes.
A Versailles, dans un centre de contrôle Autovision, Christian Delavault croise les doigts pour sa moto, qui a été révisée mais date de 2008. "J'appréhende un peu d'avoir des frais", souligne ce père de famille de 50 ans, revenu à la moto après une longue pause.
Sa puissante Yamaha R1 se glisse entre une Porsche et une petite Toyota pour entrer dans le garage. Freins, guidon, feux, pneus : le contrôleur vérifie 78 points en une vingtaine de minutes, pour 70 euros.
L'idée de ce test, en vigueur depuis longtemps dans de nombreux pays européens, est d'améliorer la sécurité des véhicules de catégorie L (motos, scooters et voitures sans permis) mais aussi de limiter leur pollution.
Le niveau sonore sera contrôlé à partir du 1er mars 2025, pour sanctionner notamment les pots d'échappement illégaux.
Freins défectueux
Le centre de Versailles a vu passer quelques motos par jour depuis la mise en place de cette procédure, le 15 avril. Au total, 242.000 contrôles de catégorie L ont été réalisés en France, selon Mobilians, qui représente les centres de contrôle.
Plus de la moitié des motos en circulation doivent être contrôlées cette année (celles immatriculées avant 2017), selon l'Observatoire des métiers des services de l'automobile.
"On n'était pas forcément pour au début, mais on a un peu changé", lance Romain Thevard, 36 ans, gérant du centre de contrôle de Versailles, et lui-même motard. "On a vu des choses ! Des fuites de joint SPI (à l'intérieur du moteur) qui coulaient sur la fourche, ou le scooter d'un ado de 16 ans, avec deux poignées de frein qui ne marchaient pas".
À ce jour, 57% des centres de contrôle français ont demandé une extension d'agrément pour contrôler les deux-roues. Il s'agit aussi de ne pas perdre les clients motards qui feraient déjà contrôler leur voiture dans le centre, selon M. Thevard.
De son côté, la Fédération des motards en colère (FFMC) n'a pas rendu les armes. Après un "tour de France des vaches à lait" au mois de juin, la fédération continue d'appeler au boycott du contrôle technique (CT) et prévoit une manifestation nationale durant le week-end des 21 et 22 septembre.
La FFMC a déposé deux recours devant le Conseil d'Etat et compte également prendre contact avec le prochain ministre des Transports, "pour lui rappeler que le CT n'améliore en rien la sécurité des usagers et n'est qu'une taxe supplémentaire", argumente la fédération sur son site.
Premier bilan
Le premier bilan du contrôle technique est fidèle à ce qu'annonçaient les motards : les motos (au-dessus de 50 centimètres cubes) sont les bons élèves de l'ensemble du parc roulant, avec un taux de contre-visite d'environ 10%, selon Mobilians.
Mais l'obligation de passer le test avant une revente a pu pousser de nombreux propriétaires à devancer l'appel, selon Mobilians, et donc présenter des motos conformes. Le taux de contre-visite pourrait ainsi augmenter dans les mois à venir.
Le premier motif de refus est le niveau de pollution, le deuxième est l'usure ou le mauvais état des pneus et le troisième, un défaut de visibilité des plaques d'immatriculation, selon Autovision.
Les scooters sont cependant en bien plus mauvais état, avec un taux de contre-visite d'environ 22,5%. Et les voitures sans permis sont recalées à hauteur de 34%, notamment à cause de défaillances du châssis ou de problèmes de freinage.
A Versailles, Christian a "passé l'examen avec succès", lui annonce le contrôleur, Louis Olivier, 51 ans. "On se retrouve dans trois ans", lui lance M. Olivier, motard lui aussi. "Mais attention au repose-pied gauche, il a pris un petit coup et il est en train de se fêler".
Christian Delavault est soulagé : "Ça fait toujours suer de sortir de l'argent. Mais on le fait depuis des années pour les voitures, c'est logique de le faire pour les motos".