19/08/2021
Contrôle technique des deux-roues : le gouvernement fait demi-tour
Par AFP
(AFP) - Au lendemain de l'annonce d'un contrôle technique pour les deux-roues à partir de 2023, le gouvernement a décidé jeudi dernier de suspendre cette mesure jusqu'à nouvel ordre, "pour ne pas embêter les Français", a justifié un conseiller de l'exécutif à l'AFP.
Ce contrôle bisannuel avait été instauré mercredi 11 août par décret pour une entrée en vigueur progressive à partir de 2023. Exigé par l'Union européenne depuis 2014 pour améliorer la sécurité routière, protéger l'environnement et limiter les nuisances sonores, il est déjà appliqué dans de nombreux pays voisins.
Cette mesure publiée dans le Journal officiel au coeur de l'été avait provoqué la grogne des fédérations de motards.
Après une discussion le 12 août matin avec Emmanuel Macron, le ministre des Transports Jean-Baptiste Djebbari "a convenu avec les fédérations de se retrouver à la rentrée pour échanger largement sur les différents sujets les concernant", a indiqué une porte-parole du ministère.
"Après avoir découvert cette mesure, le président de la République a décidé que ce n'était pas le moment d'embêter les Français", a expliqué un conseiller de l'exécutif. "Avec la crise sanitaire, le pass, on leur demande déjà beaucoup. On peut être pour la sécurité sans embêter les Français dans leur quotidien, a priori sans adhésion de leur part".
Ce nouveau contrôle technique devait s'étendre à tous les véhicules motorisés à deux, trois et quatre roues, scooters de 50 cm3 et voitures sans permis compris. Comme pour les voitures, pour qui il a été instauré en 1992, le contrôle aurait dû être renouvelé tous les deux ans.
Au printemps 2021, plusieurs milliers de motards avaient manifesté bruyamment à travers la France contre la mise en place de cette mesure, réclamant à l'Etat de déroger à cette directive européenne, mais aussi contre le stationnement payant ou la circulation inter-files.
"Le ministre souhaitait l'apaisement", s'est félicité Jean-Marc Belotti, de la Fédération des motards en colère. Un rendez-vous est prévu "début septembre" avec le ministère.
"On ne propose rien, on ne veut juste pas de contrôle technique", a souligné M. Belotti. "On va voir si on peut apporter des solutions en termes de sécurité routière, mais ça risque de leur coûter un peu de sous", a-t-il souligné, citant notamment le dédoublement des glissières de sécurité, qui permettrait d'éviter de graves blessures.
Directive de 2014
Les Français aiment les deux-roues : on dénombrait en 2018 près de 2,9 millions de véhicules, un chiffre en légère baisse ces dernières années, selon le ministère de l'Intérieur. Ils étaient pilotés à 85% par des hommes.
Les motos (plus de 50 cm3) représentent la majorité du parc. Elles sont utilisées pour la promenade mais aussi pour aller au travail. Les cyclomoteurs sont logiquement plus utilisés par les plus jeunes, qui y ont accès à partir de 14 ans.
Une directive européenne de 2014 prévoyait la mise en place à partir du 1er janvier 2022 d'un contrôle technique pour les véhicules motorisés à deux et trois roues d'une cylindrée supérieure à 125 cm3.
La plupart des pays européens l'ont déjà mis en place, selon la Fédération européenne des associations de motocyclistes. Seuls la Finlande, l'Irlande et les Pays-Bas ont adopté des mesures alternatives pour réduire le nombre d'accidents, qui leur ont permis de le contourner.